EMH Schweizerischer Ärzteverlag AG
Farnsburgerstrasse 8
CH-4132 Muttenz
+41 (0)61 467 85 44
support@swisshealthweb.ch
www.swisshealthweb.ch
Publié le 13.02.2019
Cet article montre comment les professionnels qui ont le premier contact avec les personnes à risque de psychose peuvent améliorer concrètement l’évolution clinique et le pronostic.
Tableau 1: Indices devant amener à orienter le patient vers un centre spécialisé de dépistage précoce des psychoses. |
Modifications du comportement social sans raison identifiable, par ex. retrait social, comportements étranges, «changement de personnalité» |
Intérêt excessif pour des sujets inhabituels, surnaturels, ésotériques, philosophiques, religieux, etc. |
Changements au niveau de la perception, du cours et du contenu de la pensée ou des capacités cognitives, qui sont subjectivement perçus comme pénibles par la personne (voir aussi tableau 2, symptômes de base) |
Troubles de la pensée (par ex. méfiance, idées de persécution ou idées de grandeur) ou de la perception (illusions, hallucinations, troubles du moi), qui sur-viennent plus fréquemment et inquiètent la personne ou affectent son comportement (voir aussi tableau 3, symptômes d’ultra-haut risque) |
Troubles de la pensée formelle, subjectifs ou objectivables, de survenue nouvelle |
Baisse des performances chez des personnes ayant une prédisposition génétique à la schizophrénie |
Tableau 2: Symptômes pertinents pour la définition d’un état mental à risque avec symptômes de base, d’après les «Schizophrenia Proneness Instruments» (SPI-A et SPI-CY). L’identification au moyen de ces instruments de deux groupements («clusters») de symptômes est considérée comme prédictive d’une évolution psychotique ultérieure [69]: (a) symptômes de base cognitifs («cognitive disturbances» [COGDIS]): présence d’au minimum 2 des symptômes 1–9 au cours des 3 derniers mois; (b) symptômes de base cognitivo-perceptifs («cognitive-perceptive disturbances» [COPER]): au minimum 1 des symptômes 5–14 sur une durée de plus de 12 mois. |
Critères généraux |
Pour être qualifiés de symptômes de base, les symptômes doivent: • être vécus en pleine conscience comme une déviation par rapport à l’état normal et • être associés à une souffrance subjective. |
L’accent est mis sur le vécu subjectif; une observation par des tiers n’est pas nécessaire. |
Symptômes de base pertinents pour le diagnostic |
1. Incapacité à scinder l’attention entre deux tâches simples (par ex. noter quelque chose durant une conservation téléphonique ou écouter la radio durant la conduite automobile) |
2. Trouble de la perception des symboles: concrétisme |
3. Focalisation sur des détails optiques: l’attention est captée par des détails optiques, certains objets ou détails semblent sortir du lot |
4. Trouble du langage expressif: la personne a le sentiment de ne plus pouvoir s’exprimer de façon aussi précise qu’autrefois ou de ne plus trouver les bons mots |
5. Interférence des pensées: le cours des pensées ou la concentration sont interrompus par des pensées, qui (contrairement aux ruminations) sont futiles, insignifiantes et sans connotation émotionnelle |
6. Bousculement des pensées: irruption soudaine de nombreuses pensées sans liens entre elles ou désordonnées |
7. Blocage des pensées: sensation subjective soudaine de pensées vides ou d’interruption des pensées |
8. Trouble du langage réceptif: difficulté subjective à suivre des conservations ou textes simples |
9. Tendances à l’autoréférence: idées de référence fugaces, que la personne identifie comme irréalistes immédiatement après leur apparition |
10. Persévérance compulsive: absorption excessive et dérangeante par des pensées émotionnellement neutres auxquelles la personne ne parvient pas à mettre fin |
11. Trouble de la discrimination entre les représentations et les perceptions ou entre les contenus de l’imagination et de la mémoire |
12. Déréalisation |
13. Troubles de la perception optique, par ex. changements de la perception au niveau du visage ou de la silhouette d’autres personnes ou de son propre visage, modifications de la perception des couleurs, du mouvement, de l’éloignement, de la forme et de la taille des objets |
14. Troubles de la perception auditive: modifications de l’intensité ou de la qualité des perceptions auditives |
Tableau 3: Critères pour la définition d’un état d’ultra-haut risque (UHR) et de la transition psychotique/première manifestation de psychose au moyen des instruments «Structured Interview of Prodromal Syndromes» (SIPS) et «Comprehensive Assessment of At-Risk Mental States» (CAARMS). | |
Critères généraux | Définition |
Symptômes pertinents pour le diagnostic | Contenus inhabituels des pensées: humeur perplexe et délirante, troubles du moi, télépathie, idées prévalentes (superstition, philosophie, religion, politique), idées somatiques, nihilistes ou de culpabilité, idées de référence |
Méfiance/idées de persécution, par ex. idée d’être exclu, observé ou poursuivi | |
Idées de grandeur, par ex. idée d’être particulièrement talentueux ou doué, plans et objectifs irréalistes | |
Déviations au niveau de la perception, illusions, hallucinations | |
Langage désorganisé, par ex. monologue, digressions, mode de pensée et de parole étrange, blocages des pensées, relâchement associatif ou distraction | |
Symptômes induits par des substances | Les symptômes présentant une forte corrélation temporelle avec la consommation de substances psychotropes ne sont pas pris en compte pour le diagnostic d’un état d’ultra-haut risque |
Etat d’ultra-haut risque | |
Symptômes psychotiques atténués (SPA): présence de symptômes pertinents pour le diagnostic sous forme atténuée. La sévérité est définie sur la base de la souffrance subjective, de la répercussion sur la vie quotidienne et de l’attribution d’une signification ou de l’ampleur de la perte du sens des réalités. | |
Exemples | Idées qui divergent clairement des normes culturelles (par ex. convictions superstitieuses ou philosophiques) mais qui influencent peu le comportement |
Idées (par ex. idées de persécution, de référence ou de grandeur) qui ne sont pas faciles à abandonner, mais toutefois encore avec un scepticisme intact ou une ouverture vis-à-vis des preuves ou avis contraires | |
Changements des perceptions qui inquiètent la personne, mais qui sont toutefois reconnues comme irréelles | |
Hallucinations qui sont perçues comme potentiellement réelles par la personne, qui peut toutefois encore être amenée à douter | |
Complexité du langage, monologues, stéréotypies verbales, etc. avec difficulté résultante à en venir aux faits, mais une structuration du dialogue par l’interviewer (par ex. par des questions courtes) est néanmoins possible. | |
Symptômes psychotiques limités intermittents et brefs («brief limited intermittent psychotic symptoms»): présence de symptômes pertinents pour le diagnostic avec une connotation psychotique complète (voir ci-dessous pour la définition et des exemples), qui disparaissent spontanément en l’espace d’au maximum 1 semaine. | |
Risque génétique avec baisse des performances: présence d’un trouble psychotique chez des apparentés du 1er degré ou critères de trouble de la personnalité schizotypique remplis par le patient lui-même et en plus baisse significative du niveau fonctionnel social ou professionnel au cours de la dernière année. | |
Transition psychotique / première manifestation de psychose | |
Présence de symptômes pertinents pour le diagnostic avec une connotation psychotique complète, qui sont présents sur une période de plus d’une semaine à une fréquence quasi-quotidienne et ne disparaissent pas spontanément. La connotation psychotique est principalement définie au moyen de la perte du sens des réalités, pour les troubles de la pensée formelle au moyen de la réaction à la structuration du dialogue. Dans le SIPS, les symptômes fortement désorganisés ou les symptômes avec une mise en danger de soi-même ou d’autrui sont considérés comme une transition psychotique/première manifestation de psychose indépendamment de leur durée. | |
Exemples | Convictions délirantes contre lesquelles il est impossible d’amener le sujet à douter et qui affectent en général fortement le niveau fonctionnel |
Hallucinations qui sont assurément vécues comme réelles par le sujet, sont interprétées comme délirantes ou affectent clairement le comportement | |
Langage décousu, qui ne répond pas à une structuration du dialogue |
Publié sous la licence du droit d'auteur.
"Attribution - Non-Commercial - NoDerivatives 4.0"
Pas de réutilisation commerciale sans autorisation..
See: emh.ch/en/emh/rights-and-licences/